Question 1
Il faut sortir du fossé entre un discours pseudo révolutionnaire dans l’opposition et un conformisme économique au pouvoir : de quelle façon ?
Le PS n’est pas un parti révolutionnaire, mais un parti réformiste progressiste donc son discours doit clairement prôner une démocratie sociale. Cette démocratie doit forger une société de justice sociale et promouvoir l’égalité des chances. Elle a pour but le progrès intellectuel et social tout au long de la vie et pour les générations à venir.
Question 2
Le socialisme ne peut pas se contenter d’aménager le capitalisme financier à la marge : comment produire et répartir autrement la richesse ?
C’est par l’aménagement du système fiscal que les pouvoirs publics, qui seuls peuvent assurer cette mission, pourront construire une politique équitable.
Question 3
Que reprendre des modèles progressistes des autres pays et que rejeter ?
Il n’y a pas de « modèle » progressiste mais des stratégies mises en œuvre par telle ou telle nation, selon son héritage culturel, pour un développement économique au bénéfice du progrès social. Il faut certes regarder, analyser, voir ce qu’il est possible de décliner dans notre pays, voir comment cela peut se mettre en interaction dans l’Union Européenne, mais notre pays, auteur et acteur de la laïcité, en tant que tel est son propre modèle. Sans adopter ni ne rejeter globalement aucun modèle, il n’a d’autre choix que d’être visionnaire et je suis sûr que, porté par l’intelligence, la volonté et la lucidité de son peuple, il le sera.
Question 4
Il faut pousser l’agilité des entreprises, le goût du risque et l’esprit d’entreprendre, tout en améliorant la situation des salariés et leurs sécurités sociales. Avec quel compromis ?
Je n’aime pas le mot « compromis » qui pour moi sous-entend révision à la baisse. Je préfère les mots négociation ou convention pour se placer dans une logique de réussite collective, en s’écoutant, se comprenant, recherchant ce qui met en synergie. La réussite individuelle ne peut être optimisée que si la société dans son ensemble réussit. On sait le rôle majeur que peuvent jouer les services publics dans leur ensemble et l’école de la République en particulier pour réussir sur le plan social et économique. La santé et la protection sociale sont également piliers de cette réussite. Certes tout cela a un coût mais le pari c’est que l’association des forces vives dans le travail et la conviction dans une confiance retrouvée soient à l’origine d’une plus grande richesse à se partager. L’entreprise est donc « association » de forces humaines, c’est l’esprit. Agilité ? Goût du risque ? Une entreprise agile me semble être une entreprise capable de s’adapter et de se développer en permanence au profit des femmes et des hommes qui la composent. C’est bien. Le goût du risque ? Cela me questionne. Le goût de la réussite, je suis d’accord. Que la recherche de développement impose une prise de risque, peut-être. Mais alors ce risque doit être mesuré et réfléchi par l’ensemble des composantes de l’entreprise pour décider de « se lancer » ou pas. D’où l’importance du dialogue social qui doit être permanent. Cela passe par la structuration du partenariat social qui est une réforme à laquelle les progressistes doivent s’atteler.
Question 5
Il faut rééquilibrer le rapport de force entre le travail et le capital par une meilleure répartition du profit. Quels contre-pouvoirs dans l’entreprise ?
C’est la réforme du syndicalisme que je viens d’évoquer et qu’il faut faire pour que le dialogue social s’impose à travers une représentativité et un engagement significatifs.
Question 6
Comment rompre avec la redistribution passive et bureaucratique comme principal moyen de s’attaquer aux injustices sociales ?
Il faut que chaque Française et chaque Français aient accès à une activité sociale tout au long de leur vie (le travail bien sûr mais l’activité associative en fait aussi partie de même que les temps consacrés à la formation). Les pouvoirs publics doivent mettre en place les dispositifs nécessaires. Chacune et chacun assurant ainsi leur devoir de citoyen par leur engagement dans le progrès social pourront revendiquer légitimement la reconnaissance sociale donc leur droit de citoyen. Chacune et chacun doivent être acteurs de la société pour progresser en tenant leur place dans celle-ci. Par l’accès à la formation tout au long de la vie, elle ou il gagneront en maîtrise et seront un apport qui comptera toujours plus pour la société, valorisé qu’elle ou il seront par la considération de l’autre.
Question 7
Comment améliorer le projet européen pour ne pas oublier les intérêts des peuples et des pays ?
Il faut une constitution européenne qui définisse clairement les valeurs, les institutions donc la forme de démocratie fédérale. C’est un grand chantier mais il faut l’entreprendre sans plus attendre. La première partie du Traité Constitutionnel aurait représenté à mon sens une étape intéressante mais… Aux progressistes de se mettre au travail.
Question 8
Les peuples du Nord doivent être protégés de la concurrence internationale sans que les peuples du Sud ne soient victimes du protectionnisme. Avec quelles nouvelles règles ?
Il faut une Europe forte capable de se faire entendre au plan international sur la base de valeurs humanistes indéfectibles. La solidarité notamment doit jouer à plein pour promouvoir le développement durable sur l’ensemble de la planète. C’est sur l’ensemble de la planète que la richesse doit être partagée. Je crois plus à des systèmes de régulation qu’à des « règles ». La régulation passe par l’émancipation des peuples issue de la coopération. Je réponds à cette question 8 davantage en proposant des pistes qu’en donnant des recettes. Mais y en – a – t’il ?
Question 9
Les Etats et le marché doivent assurer la sauvegarde écologique de la planète : quel nouveau modèle de développement ?
Un développement qui n’épuise pas les ressources, qui limite la pollution, respectueux de l’environnement… Qui peut ne pas être d’accord avec Antoine de Saint Exupéry disant « Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Alors… C’est compliqué car il y a le problème énergétique. Produire autant d’énergie, et même toujours plus, en renonçant au pétrole et au nucléaire. Produire zéro déchet non recyclable. Est-ce possible par le progrès de la science et de la technologie ? Imaginer un développement moins gourmand en énergie ? Sans doute. On y est contraint en tout cas. Mettons notre imagination au galop, soyons visionnaires. Cette imagination doit être collective car elle touche notre culture. L’utopie républicaine n’est-elle pas notre leitmotiv ?
Question 10
Le Parti socialiste doit intégrer toutes les nouvelles formes de militantisme et d’engagement citoyen, ainsi que les réussites du travail des élus locaux. Il doit aussi décider efficacement, avec le sens de la discipline collective. Quelles nouvelles règles communes pour y parvenir sereinement ?
Le Parti socialiste n’a qu’une discipline collective : la démocratie. Celle qu’il se doit d’appliquer et de faire appliquer sans concession, en interne comme en externe. C’est la majorité qui impose ses règles. La difficulté surgit quand la majorité devient étroite et que la synthèse ne peut plus être réalisée autrement qu’artificiellement sans parvenir au rassemblement véritable des femmes et des hommes. Le référendum du Traité constitutionnel a été révélateur en la matière : les convaincus du « oui » et les convaincus du « non » – et qui le restent aujourd’hui – sont sur des fondamentaux politiques différents qui ne sont pas synthétisables. Tous les socialistes prônent la démocratie sociale mais ne sont pas tous clairement réformistes. Je crois que c’est le projet progressiste de société que Ségolène nous propose de construire qui conduira au rassemblement et donc à la composition d’une franche majorité au sein du parti. C’est cela qui remettra en ordre de marche, au sein du PS, un fonctionnement démocratique qui le fera avancer. Je ne sais pas quelles sont les nouvelles formes de militantisme évoquées dans la question mais il est clair que toute forme d’engagement citoyen dans le cadre associatif au sens large doit être reconnu et encouragé. Le Parti socialiste, humaniste s’il en est, doit être vigilant à toute les manifestations de la citoyenneté dans la société et les prendre en compte dans sa vision de la société et donc dans ses propositions. Il se doit de rassembler les forces vives.
Marc Basacco
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